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Actualité de la rénovation à gauche
27 août 2007

Frangy 2007 : les 5 pistes de Rénovation de Gaëtan Gorce

Morceaux choisis du texte de Gaëtan Gorce à Frangy :

Alors, quelle rénovation ?

La première rénovation tombe sous le sens, même si elle est rendue plus difficile par le poids des habitudes : c’est celle de notre fonctionnement. Elle constitue bien un préalable à tout véritable changement tant je suis convaincu que notre manière de penser est commandée par notre manière de travailler. Rien ne sera possible si nous ne nous appuyons pas d’abord sur nos adhérents, que l’on s’est d’ailleurs bien gardé de consulter au lendemain de cette défaite. L’avenir du PS, ce n’est pas le fétichisme des statuts d’Epinay, c’est de conjuguer l’élargissement de notre base militante, pour être en phase avec la société, et la responsabilisation de sa direction qui doit avoir le pouvoir de décider, l’obligation de rendre des comptes et le devoir en cas d’échec de se retirer.

Nous serons ainsi plus capables de répondre à la question sociale qui n’est évidemment pas la seule sur laquelle nous devons essayer une nouvelle gamme de réponses. Mais, qui est à l’évidence l’une des plus importantes et des plus difficiles.

Difficile d’abord, parce que s’est installé entre les propositions sociales de la Gauche et le pays un décalage ; plus qu’un malentendu : un désaccord ! Celles et ceux qui, comme nous, s’intéressent à ces sujets ont été frappés de l’incrédulité que nos propositions dans ces domaines ont suscité pendant la dernière campagne électorale, y compris et peut-être même d’abord parmi nos concitoyens les plus modestes.

Important, ensuite, parce que la Droite a su s’emparer de ces sujets vantant qui le mérite, qui l’effort, qui la valeur du travail. Certes, les vacances de milliardaires de Monsieur Sarkozy, les concessions faites aux plus riches à travers le bouclier fiscal devraient suffire à éclairer l’opinion sur les vraies priorités du pouvoir en place. Mais celui-ci a profité et profitera demain de la faiblesse, de la vacance même de nos propositions.

Important, aussi, parce que de sérieux rendez-vous sont devant nous qui vont décider du profil de notre système de protection sociale pour les prochaines années et que la Droite est capable de jouer, faute d’alternative, du ressentiment d’une partie du monde du travail contre les dérives de l’assistance. Dans la crise financière redoutable où se trouve notre protection sociale, la Droite peut en profiter, non pour la détruire, mais pour la laisser se déliter progressivement, comme en témoigne son projet de franchises médicales qui s’ajoute aux dépassements d’honoraires, aux délais d’attente pour rencontrer un spécialiste, au désert médical dans nos zones rurales, au transfert de la totalité de la chirurgie dans le secteur privé et aboutit à remettre en cause le principe même d’un égal accès de tous à des soins de qualité.

Important, enfin, parce qu’à travers la question des politiques sociales, c’est celle de la cohésion de notre société qui est posée. Et à la base même du trouble qui traverse notre pays, se trouve la question, de savoir si le progrès n’a pas entamé sa marche arrière. Et ce trouble, la Gauche est la première à en être affectée, semblant prise en tenaille entre la mondialisation de l’économie et l’individualisation croissante de la société !

Disons-le ici nettement : la solution ne viendra pas d’une simple contestation systématique des projets de la Droite. D’abord parce que les Français sont désormais suffisamment au fait de ces questions pour ne plus accepter la poudre aux yeux de la polémique. Ensuite, parce que certaines questions relèvent moins de la recherche des différences que de celle des consensus. Ainsi de la question des retraites pour laquelle nous savons qu’il n’y a pas de solution miracle et que l’intérêt même du pays exigerait que Droite et Gauche, syndicats et patronat s’entendent en 2008 sur les axes d’une réforme qui garantisse la pérennité de notre système par répartition. Là se trouve la base de la deuxième rénovation, celle de notre parti politique, qui fera désormais toujours passer l’intérêt général avant l’intérêt partisan. Dois-je faire remarquer, sans citer aucun nom, que nous n’aurons guère, sur ce terrain, à redouter de concurrence ?

Mais au-delà il faut que nous sachions changer de vision, de perspective. Que nous passions d’une Gauche nostalgique, inquiète, semblant déplorer les changements du monde, à une Gauche tournée vers l’avenir, qui regarde le monde tel qu’il est, droit dans les yeux qui sont aujourd’hui ceux de la globalisation. Une fois pour toutes, et c’est la troisième rénovation à conduire, il faut que nous réglions son compte entre nous, à cette question qui nous divise de la mondialisation. Elle est un fait ! Aussi incontestable que la Tour Eiffel, notre présence ici même ou… la réélection d’Arnaud ! Et plutôt que de nous interroger doctement sur le sexe des anges, ou plutôt de ce démon, nous devons prendre la mondialisation pour ce qu’elle est : c’est à dire d’abord un redoutable processus de redistribution de la puissance et de la richesse à l’échelle de la planète tout entière, qui bouscule tous les équilibres antérieurs et pas seulement en Europe, et qui touche tous les domaines, pas seulement sociaux. L’on peut être pour ou contre la VIème République, la télé réalité ou le ban bourguignon. Mais l’on est DANS la mondialisation. Refuser de le voir, c’est s’empêcher d’agir, faute d’une analyse juste. Mais aussi parce qu’en renvoyant sans cesse la solution à nos problèmes à une autre échelle que celle (la Nation) à laquelle nous pouvons agir, nous nous condamnons à l’impuissance. Décider d’agir dans la mondialisation, contrairement à ce que l’on dit ici ou là, c’est réhabiliter la volonté politique. Nous devons par conséquent l’aborder dans toutes ses dimensions et en tirer toutes les conséquences. Les premières sont stratégiques et diplomatiques et doivent d’abord nous conduire à renoncer à l’idée naïve qu’il existerait un ordre international auquel nous n’aurions qu’à nous référer. Rien ne nous garantit que demain ne s’installera pas une sorte de condominium des puissances majeures, comme les États-Unis, où émergeantes, comme en Asie, dont nous serions exclus. C’est au vue de ce défi que nous devons reconsidérer les conditions de notre sécurité et aussi celles de notre engagement européen.

Les conséquences sont, ensuite, évidemment économiques et sociales. Dans la bataille qui fait rage, notre devoir est de tout mettre en œuvre pour que la France reste dans l’Europe et dans le monde une grande puissance économique, dotée d’une industrie compétitive, du niveau le plus élevé de technologie, de services en expansion et d’un nombre croissant d’emplois qualifiés. Ce n’est pas la droite qui le fera, prisonnière d’une économie de la rente et des grands intérêts dont Nicolas Sarkozy est le serviteur le plus zélé. C’est bien la Gauche qui doit prendre résolument le parti des entreprises, non pas entendu comme la chose de dirigeants tout puissants relayant la volonté des seuls actionnaires, mais comme un tout, associant dans un même effort, un même projet, investisseurs et salariés. C’est par son dynamisme économique, que notre pays pèsera sur les affaires du monde et pourra y faire entendre la voix d’une nouvelle alliance de l’efficacité et de la solidarité. Et c’est aussi cette nouvelle alliance que nous devons avoir pour objectif de promouvoir dans notre pays. Une telle ambition devra nous conduire à repenser l’efficacité de notre système de protection sociale, non pour céder aux sirènes libérales, mais tout bonnement pour en garantir l’avenir.

Nous n’y parviendrons pas avec les méthodes d’hier. Ce ne sont plus des groupes sociaux dans leur globalité et leur impersonnalité qu’il faut aider mais des individus avec leur singularité, leurs forces, leurs compétences mais aussi leurs faiblesses. Car c’est bien la généralité de notre projet, son abstraction, qui nous a été reprochée. Parce que le salarié est aussi un contribuable, il attend de notre système de protection sociale des résultats à la hauteur des financements qu’il mobilise. Je ne suis pas de ceux qui considèrent que le progrès social doit être subordonné à un impératif comptable. Mais je suis en revanche de ceux qui refusent de confondre le progrès social avec celui de la dépense publique. Parce que le plus humble de nos concitoyens dépend pour sa santé, sa sécurité, sa vieillesse, du service public, il veut que son équilibre financier soit assuré parce qu’il pressent que chaque euro mal utilisé est un euro qu’il aura au final à payer ou qui lui sera retiré. Et parce que chacun de nos concitoyens est concerné par le progrès de l’emploi et de la santé publique, nous avons le devoir absolu de lui assurer que les 65 milliards d’euros que nous dépensons chaque année pour l’emploi servent bien à faire reculer le chômage et que les centaines de milliards d’euros investis dans notre système de santé profitent à l’amélioration de la situation sanitaire du pays. Vous ne l’avez pas dit, mais vous l’avez pensé très fort : il y a de la marge ! C’est cette même volonté qui nous conduira à mettre en œuvre des politiques nouvelles, fondées sur la promotion de l’individu, comme par exemple une politique de l’emploi novatrice, résolument tournée vers le retour à l’emploi. De même, c’est à nous qu’il revient de lutter contre la menace la plus terrible qui pèse aujourd’hui sur les salariés, c'est-à-dire l’absence ou la perte de qualification. Et c’est d’ailleurs au travers de cette question, celle de la formation et de la promotion qu’elle permet, que nous devons reprendre à notre compte la question de la valeur du travail que la droite nous a provisoirement subtilisée, non en raison des 35 heures, mais faute de proposer une vision de monde du travail en phase avec la réalité, plus individuelle, plus tertiaire, plus précarisée aussi !

Plutôt que sur une lecture abstraite de notre société, un découpage binaire entre deux France, n’est-ce pas sur l’individu, un individu responsable, conscient de ses droits et de ses devoirs, que nous devrions au contraire refonder notre politique sociale ? N’est-ce-pas pour garantir sa dignité, son épanouissement que nous avons voulu promouvoir l’égalité des chances et rapprocher les conditions sociales ? Ne serait-ce pas là le moyen de répondre aux évolutions de la société contemporaine tout en restant fidèles à nos valeurs de justice et en ouvrant aux changements de nouveaux espaces. Pour lutter, par exemple, contre les discriminations, mais aussi faciliter l’émergence de contre-pouvoir face à la toute puissance de grandes organisations économiques, culturelles ou médiatiques ? L’autre enjeu n’est-il pas aussi, plutôt que de pester contre l’air du temps, de s’interroger sur les moyens de mettre notre société en mouvement ? Les inégalités dont les uns et les autres sont victimes sont liées sans doute à une inégale répartition de la richesse qu’il appartient à la fiscalité et aux services publics de corriger. Elles tiennent aussi à une incroyable concentration du pouvoir, à une rigidité des relations sociales qui font de notre société française une société bloquée, fermée à la mobilité et à la justice sociale, fermée aux jeunes, aux femmes et de manière générale à toutes celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre, par leurs différences pourraient menacer l’ordre des choses dans la politique, l’entreprise ou les médias. Autant et peut-être plus que la réforme fiscale, nous devons nous faire les artisans d’une société de mouvement qui redonnent à ceux qui en ont la volonté le pouvoir de changer leur vie, leur destin professionnel, l’avenir de leurs enfants.

On le voit, l’avenir de la Gauche est riche de promesses pour autant qu’elle sache élargir et moderniser sa vision de la société et de la justice qu’elle veut y promouvoir.

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